En seulement quelques années, l’intelligence artificielle a intégré le quotidien d’une grande partie de la population, et ce dans tous les domaines d’activité. Loin d’être une exception, l’IA dans l’enseignement est désormais une réalité à laquelle nous devons rapidement nous adapter si nous souhaitons former correctement les prochaines générations.
Quel est l’impact de l’IA dans l’enseignement… et dans un Business Game ?
Comme tout le monde, les consultants d’Optigest Formations ont observé une profonde transformation chez les étudiants en quelques années. Dans nos Business Games, les participants sont entre autres amenés à réaliser des « challenges », sorte de cas concrets autour de la gestion d’une entreprise. Parmi notre catalogue de défis, nous proposions par exemple l’écriture d’une annonce de recrutement, la réalisation d’un logo, ou encore la réflexion sur la meilleure stratégie digitale à adopter pour leur entreprise fictive.
Ces exercices avaient pour vocation pour les participants à avoir une vision d’ensemble sur le développement de leur entreprise fictive, et leur faire vivre une expérience plus complète de direction d’entreprise. Pédagogiquement parlant, cette approche globale est selon nous primordiale pour que le Business Game soit bénéfique aux étudiants. Pourtant, ces exercices étaient souvent considérés trop scolaires en comparaison de la simulation d’entreprise elle-même : prendre des décisions stratégiques pour essayer de prendre des parts de marché à ses concurrents et maximiser ses bénéfices est en effet extrêmement ludique.
De ce fait, l’arrivée de l’IA dans l’enseignement a rendu ces exercices inutiles : l’énoncé était copié-collé dans un outil d’intelligence artificielle, et la réponse de l’ordinateur parfois envoyée telle quelle sans la moindre relecture, car les étudiants souhaitaient gagner du temps pour se concentrer sur la simulation d’entreprise ou d’autres challenges jugés plus ludiques.
Utiliser l’IA pour un Business Game est une erreur
Avant d’aller plus loin, quels sont les problèmes de cette pratique, au juste ? Le premier est évident : s’ils font faire des travaux à l’IA sans même relire et personnaliser le résultat qui leur est proposé, les étudiants ne peuvent pas bénéficier de tous les apports pédagogiques de ces travaux. En effet, tous les exercices proposés par Optigest Formations ont avant tout été imaginés d’un point de vue pédagogique, et les consignes et conseils donnés sont pensés pour mettre les étudiants face à des problématiques spécifiques et leur faire prendre du recul sur l’activité de leur entreprise fictive.
Le deuxième problème de l’IA n’est peut-être que temporaire, et spécifique aux capacités technologiques actuelles, mais tout aussi réel : pour l’immense majorité des challenges que nous proposons, sans apport humain (comprendre « avec un simple copier-coller des consignes »), l’IA renvoie un résultat franchement mauvais. Reprenons les exemples de challenges mentionnés plus haut, en commençant par l’exception : pour une annonce de recrutement, dont les codes sont clairement établis et dont le contenu varie assez peu d’une entreprise à l’autre, l’intelligence artificielle fait un excellent travail.
Pour des éléments graphiques comme un logo, on recense plusieurs erreurs basiques : visuels trop génériques et manquant d’âme, textes illisibles, images qui vont à l’encontre des lois de la physique, et manque de cohérence entre les différents éléments visuels.
Dans le cas d’un texte à rédiger comme la stratégie digitale de leur entreprise, la tentation est grande de faire appel à l’intelligence artificielle, mais le résultat là aussi très mauvais : si la forme est bien (structure du document et tournure des phrases), le fond est inexistant car rempli de banalités génériques sans créativité, autrement dit l’inverse de ce que devrait être une stratégie digitale ! Bien entendu nos correcteurs ne s’y trompent pas et savent reconnaître en quelques secondes un travail réalisé intégralement avec l’IA.
Ces quelques challenges ne sont que des exemples parmi tant d’autres : les étudiants sont ravis d’avoir un texte de trois pages écrit avec un simple prompt mal réfléchi, mais ils ne s’aperçoivent même pas que cela leur fait perdre à coup sûr le Business Game (et avoir une mauvaise note par la même occasion).
La solution : interdire l’IA dans l’enseignement ?
Pour autant, nous ne pensons pas qu’il faut interdire l’IA dans l’enseignement, mais l’encadrer : maîtriser cet outil va probablement devenir indispensable dans le monde professionnel dans les prochaines années, et nous croyons qu’il est préférable d’apprendre à s’en servir correctement plutôt que d’apprendre en utilisant uniquement les anciennes méthodes.
Nous avons donc décidé de modifier nos challenges, de sorte que l’IA seule ne soit jamais pertinente, et que la réflexion des étudiants soit indispensable, en amont comme en aval de l’éventuelle utilisation de l’intelligence artificielle.
Nos solutions pour les Business Games
D’abord, nous nous sommes aperçus que pour nos challenges les plus ludiques, les étudiants fonçaient sans même se poser la question d’utiliser l’Intelligence Artificielle, car ils ont une réelle envie de les faire par eux-mêmes. Nous avons donc accentué encore l’aspect ludique de nos jeux d’entreprise, mais il n’est pas possible de généraliser cela : nos Business Games sont des formations avant d’être des jeux, nous devons donc aborder des sujets plus sérieux et il arrive toujours un moment où la solution de facilité reprend le dessus.
L’une des astuces pour cela a été de donner des consignes incomplètes : les étudiants doivent alors compléter en utilisant certaines données de la simulation d’entreprise pour réussir les challenges. S’ils copient-collent l’énoncé dans l’IA sans prendre davantage de recul sur les éléments à prendre en compte, cette dernière ne pourra jamais fournir un résultat pertinent puisqu’elle manque de données.
L’autre méthode utilisée est de demander aux étudiants des rendus aux formes multiples. Par exemple, pour des challenges comme une stratégie de communication, plutôt que d’attendre un rapport de synthèse de deux pages, nous pouvons leur demander un tableau excel, un ou deux graphiques, ou une affiche, et une brève justification de trois lignes. Les IA étant spécialisées, cela demandera au moins une réflexion globale sur la problématique, et un effort de compilation des informations.
Certains pourraient y voir une décadence du niveau attendu à cause de l’IA dans l’enseignement, mais nous sommes convaincus qu’il faut rester lucides. Demander un rapport de synthèse en leur mettant un ordinateur entre les mains est désormais inutile, et il est préférable de les faire travailler comme ils seront amenés à le faire dans le monde professionnel : avoir une vision globale, réfléchir à ce qu’ils doivent demander à l’IA, compiler les rendus, vérifier leur cohérence et pertinence, … L’essentiel pour nous est la créativité, les idées originales qui peuvent nous être proposées, et pour cela trois lignes de justification sont souvent amplement suffisantes.
Bien entendu, nous informons les étudiants que l’IA ne saura remplacer leur réflexion sur les challenges pour ces différentes raisons, et le résultat est flagrant : nous observons toujours de l’IA dans les rendus, mais utilisée de façon réfléchie et ajoutée au-dessus de leurs propres idées. En bref, cela redevient un outil et non pas un « remplaçant ». Et vous, que pensez-vous de l’IA dans l’enseignement ? Vous souhaitez plus d’informations sur nos différents challenges et nos simulations d’entreprise ? Venez en discuter avec nous !